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Mon poids, mes complexes

Dernière mise à jour : 4 avr. 2022

Les complexes c’est quoi ?


La personne complexée va se focaliser sur un défaut réel ou imaginaire, physique ou psychologique.

Elle ressent de la honte, elle est persuadée qu’elle va être jugée négativement voire rejetée à cause de cela.

Les complexes peuvent porter sur le physique, les origines sociales ou les capacités mentales.

La personne a une image déformée d’elle-même.

Elle va adopter des comportements d’évitement : par exemple, elle va porter des vêtements amples ou de couleur sombre, elle va sourire sans répondre au cours des conversations.

Elle va également compenser ses complexes en développant d’autres qualités : la gentillesse, l’humour.

C’est compréhensible mais cela maintient les complexes en place.

Cet article se concentre sur les complexes liés au poids.


Les complexes, ça vient d’où ?

A l’occasion des échanges au cours d’une psychothérapie, la personne (en analyse transactionnelle, nous parlons de « client ») va identifier ce qui, dans son vécu actuel et dans son histoire, a contribué à créer ces complexes liés au poids.

Nous allons voir que les complexes s’appuient à la fois sur des messages répétés, sur des blocages émotionnels et sur une perte de contact avec ses sensations corporelles.


Des messages répétés de l’entourage et de la société

Ces messages peuvent être :

- des comparaisons avec l’entourage ou avec les images véhiculées par la société, qui vont alimenter un sentiment d’infériorité ;

- des propos dévalorisants, répétés parfois depuis l’enfance ( « tu ne penses qu’à te goinfrer ») que la personne va intégrer ou bien rejeter (« quand je serai grande, je mangerai et je boirai tout ce qui me plaît et quand ça me plaît »).

Ils sont d’autant mieux intégrés si la personne a également développé un tempérament perfectionniste, souvent en prenant modèle sur ses parents ou des personnes importantes de son entourage.

Par exemple, une mère obsédée par les questions de poids qui surveille de manière pointilleuse ce que mange sa fille.

Des blocages émotionnels : je suis « en guerre » avec la nourriture pour éviter de ressentir mes émotions

En thérapie, la personne peut découvrir que ces complexes, c’est une manière d’obtenir de l’attention (de manière positive ou négative), mais aussi de se rebeller contre les règles imposées par ses parents ou par la société. La colère peut alors cacher de la tristesse de ne pas recevoir de l’attention par exemple.


Les complexes liées au poids peuvent être aussi une manière de se faire remarquer ou au contraire d’éviter de se faire remarquer, d’éviter de devenir important, d’éviter de s’engager dans des relations intimes ou de confirmer la croyance qu’on est laid. La colère, la tristesse peuvent alors cacher de la peur d’entrer en relation, en contact avec les autres.


Une thérapie va permettre aussi d’identifier certains blocages qui se sont construits au cours de sa vie, notamment dans son enfance.


Ainsi, d’un côté, la personne peut être persuadée que, si elle se met à manger quoi que ce soit, en dehors des aliments basses calories, elle ne pourra plus s’arrêter. De l'autre côté, si elle écoute son besoin naturel, elle sait bien qu’il est normal de manger quand on a faim et d’avoir du plaisir à manger. On ne mange pas uniquement pour se nourrir !


La personne complexée, qui est souvent une femme, peut avoir intégré très tôt qu’elle doit correspondre à des mensurations idéales et à un poids idéal, elle se surveille beaucoup et se critique beaucoup. Elle peut ressentir beaucoup de colère contre ces règles qui lui sont imposées et elle peut retourner cette colère contre elle en étant de plus en plus sévère avec elle même.


Elle peut en tirer alors des conclusions comme « grossir c’est mauvais, c’est un désastre » « les filles grosses ne dansent pas, ne se mettent pas en maillot de bain, ne portent pas de couleurs vives », voire « elles ne peuvent pas plaire, puisque pour plaire, il faut être mince et belle... ». Et cela quel que soit son poids, qu’elle est quelques kilos en trop, qu’elle soit obèse ou le contraire.


Le thérapeute peut aller plus loin dans le passé de la personne complexée (quand elle avait entre 2 et 6 ans) pour l’aider à contacter des émotions bloquées.

Par exemple, si la personne grandit avec des parents qui n’acceptent pas les manifestation de colère, elle peut en déduire qu’elle ne doit pas ressentir de colère et découvrir qu’elle peut arriver à « bloquer » sa colère en mangeant beaucoup et à toute vitesse.

Autres exemples : son père ne la prend pas dans les bras, elle peut en déduire qu’il la rejette à cause de son poids. Ou alors, face une mère envahissante et obsédée par son poids, elle peut décider de grossir pour la tenir à distance.

Or, tout cela la fera beaucoup souffrir car dans le fond, ce qu’elle veut, c’est être acceptée de manière inconditionnelle, comme elle est, quel que soit son poids.


Je ne suis plus en contact avec mes sensations corporels

Enfin, de manière très ancienne et archaïque, la personne peut avoir intégré très jeune que manger c’est recevoir de l’amour et de l’attention et aussi en montrer. Cela pourra être renforcé ensuite par des messages, plus ou moins clairement exprimés, comme « ne gaspille pas la nourriture », « mange, pour me montrer que tu apprécies ma cuisine et que tu m’aimes ».


Certaines personnes diront en thérapie « moi je n’ai jamais faim » parce qu’elles n’ont pas appris à détecter la sensation de faim, ou au contraire la sensation de satiété.


En analyse transactionnelle, nous parlons d’impasse quand la personne se retrouve bloquée par un conflit psychique interne entre deux types de messages contradictoires, d’un côté des messages parentaux dits ou non dits qu’elle a intégrées et de l’autre, ses désirs ou ses besoins propres. Elle se traduit par des blocages au niveau cognitif, émotionnel ou somatique suivant la période de la vie où elle s’est construite.

Cette exploration peut être longue et lente, avec des allers et retours. Cela nécessite un lien de confiance avec le thérapeute car il y a souvent un fort sentiment de honte chez la personne complexée. Elle peut avoir également une image négative de son corps, pouvant aller jusqu’au dégoût d’elle-même.

Il s’agit surtout de recontacter des émotions enfouies, de mettre à jour des décisions prises très jeune et de manière souvent inconsciente, plutôt que de juger ses parents. En effet la plupart du temps, ce sont des comportements inconscients de leur part, en fonction de leur histoire et de l’environnement dans lequel ils ont vécu.

Pour en finir avec les complexes : les accepter, les reconnaître et en parler


Au préalable : ce qui est écrit ici, ce sont les grandes lignes, des points de repère et non une solution « prête à l’emploi », car chaque histoire est singulière.


Il y a deux aspects à prendre en considération : le rapport au corps et le rapport à l’alimentation. Les deux sont souvent mélangées pour la personne complexée.


1) accepter ses complexes : nous avons tous et toutes des complexes et ils ont une fonction : nous protéger d’une autre souffrance qui remonte souvent à l’enfance.

2) reconnaître que ce(s) complexe(s) ont un impact sur notre vie quotidienne, qu’ils nous bloquent et qu’ils alimentent notre manque de confiance en nous.

3) en parler à des personnes bienveillantes dans notre entourage capables d’accueillir notre récit sans le minimiser ou donner des conseils.

En parler, ce peut être aussi, comme évoquer précédemment, engager une psychothérapie.

Dans un cadre sécurisant, le thérapeute accompagnera la personne pour parvenir à identifier les messages reçus, et aussi à nommer, ressentir et exprimer les émotions et les sensations bloquées derrière ces complexes.

Par exemple, cela permettra de travailler sur sa colère envers ses parents et envers quiconque qui ne la valorise que si elle est mince ou qui « ne cherche qu’à l’aider ». Ou encore décider que l’obsession du poids, c’est surtout une préoccupation de sa mère et symboliquement lui rendre. La personne peut aussi décider qu’elle ne va plus attendre d’avoir atteint son poids idéal pour faire ce qu’elle veut ou ce qui lui fait plaisir.

Enfin qui dit psychothérapie, dit prises de conscience : le poids peut être une manière de tenir certaines personnes à distance. Cela peut être non seulement un de ses parents mais aussi les hommes/les femmes parce que la personne est persuadée qu’elle n’est pas intéressante et qu’elle ne peut pas plaire à quelqu’un.


De manière complémentaire, une thérapie peut permettre de se donner assez à soi-même, c’est à dire de manger avec plaisir et suivant son seuil de satiété, et non plus sur un mode destructeur. Mais aussi de prendre soin de soi et de s’accorder des choses qui lui feront plaisir, autre que la nourriture.


La personne peut être aussi accompagnée pour modifier petit à petit ses comportements, par exemple, entrer dans une boutique de vêtements, se regarder en pied dans un miroir, prendre la parole en public, s’inscrire à un cours de danse.


Avant d’y aller « pour de vrai », le thérapeute peut proposer des exercices de relaxation, des jeux de rôles. Cela contribuera à accepter son corps qui, le plus souvent, est médicalement considéré comme sain.

Une psychothérapie peut être mener en parallèle d’autres démarches, comme contacter une diététicienne ou d’autres professionnels de la nutrition pour rééquilibrer son alimentation.

La personne peut également, afin de se réapproprier son corps, se faire masser. Il est possible par exemple de commencer avec des techniques de massages où la personne est assise et habillée.

Enfin, la sophrologie ou la relaxation, en cours individuel ou collectif, peuvent également aider à reprendre conscience de son corps et à réguler le stress.

La sophrologie est plus globale, elle permet de reprendre un rôle plus actif en proposant des techniques qui permettent d’intervenir au niveau mental, émotionnel et corporel pour agir différemment au quotidien.


Isabelle TREBUCQ, janvier 2021

Psychopraticienne – Analyse transactionnelle



Sources :

« Problèmes de nourriture, problèmes de poids », Stéphanie Griffin, Actualités d’analyse transactionnelle, Classique 5, 1986 https://www.ifat-asso.org/publications/

« Comment surmonter ses complexes », article de Nadia Vaillant, 2015, www.aufeminin.com

« Complexes : 3 pistes pour s’en débarrasser », article d’Isabelle Filliozat, 2020 www.psychologies.com



Illustration : image Pixabay 05/01/2021



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